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Histoire de l’Art II

Dr.Beth Harris et Dr. Steven Zucker fournissent une description, une perspective historique et une analyse du Jugement dernier de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine.

Michel-Ange, Jugement Dernier, Chapelle Sixtine, 1534-1541, fresque, (Cité Du Vatican, Rome).

Environ 25 ans après avoir peint le plafond de la Chapelle Sixtine et de nombreuses années après la mort du pape Jules II, Michel-Ange est invité à peindre le mur derrière l’autel avec une fresque du Jugement dernier par le Pape Clément VII.,

la Figure 1. Michel-ange, Jugement Dernier

michel-ange n’est pas le même homme qu’il était quand il a peint le plafond. Son humeur est plus pessimiste, il est plus pieux et clairement préoccupé par le sort de sa propre âme. Les temps avaient changé. La Réforme protestante était bien engagée et l’Église commençait à tourner le dos à l’humanisme de la Haute Renaissance. L’Église a répondu à L’attaque de Luther en passant à l’offensive, apportant un catholicisme puissant et énergisé au peuple., Le sujet du Jugement Dernier, où nous voyons les damnés torturés en enfer, doit être considéré à l’aune de ces développements historiques.

Le Jugement dernier est un sujet très ancien dans l’histoire de l’art représenté par de nombreux artistes. Le sujet est la Seconde Venue du Christ, où le Christ revient pour juger toute l’humanité.

Le Christ sépare les bienheureux( ceux qui iront au ciel), qu’il rassemble à sa droite, des Damnés (ceux qui iront en enfer), qu’il rassemble à sa gauche., Aux IXe et Xe siècles, au Moyen Âge, cette scène était souvent représentée sur les portes des églises, de sorte que vous aviez une image effrayante du jour du jugement sur votre chemin vers l’Église.

ici, Michel-Ange nous montre le Christ au centre et en dessous de lui à sa gauche sont les damnés qui sont tirés vers l’enfer et expédiés en enfer où ils sont torturés par les démons.

sous le Christ à sa droite (attention—pas notre droit) sont les bienheureux qui se lèvent de leurs tombes et flottent au ciel avec l’aide des anges.,

de chaque côté du Christ se trouvent directement des personnages importants, comme Eve, et aussi des Saints, dont beaucoup sont morts de morts particulièrement douloureuses. Nous pouvons identifier ces différents Saints par ce qu’ils portent. Habituellement, les Saints portent les instruments de leur martyre, ou un autre attribut d’identification.

Sainte Catherine porte une roue parce qu’elle a été martyrisée sur les rayons d’une roue (la voici tirée de la fresque de Michel-Ange). Saint Laurent porte une grille, parce qu’il a été brûlé à mort, et Saint Sébastien porte des flèches parce que tout son corps a été percé de flèches.,

Michel—Ange a dit que ces saints « cousent les graines de la foi”, c’est—à-dire par leur exemple de foi-une foi si ferme qu’ils étaient prêts à subir la torture physique et la mort-ils nous fournissent un exemple

Figure 2. Saint Barthélemy

Michel-Ange a également inclus Saint Barthélemy, qui a été martyrisé en étant écorché vivant. Il tient le couteau dans une main, et de l’autre il tient sa peau. Quand nous regardons de près la peau de St., Bartholomée nous voyons que Michel-Ange y a peint son autoportrait qui semble déformé dans la peau affaissée.

Nous savons par la poésie de Michel-Ange qu’à ce stade de sa vie (pour le 16ème siècle, il était un vieil homme), il se sentait plus pieux et préoccupé par le sort de sa propre âme. Il a placé son autoportrait planant précairement au-dessus de l’enfer et à mi-chemin, dans une ligne diagonale, Entre Le Christ, et la célèbre image de l’homme qui vient de se rendre compte qu’il est tiré vers l’enfer.,

Michel-Ange présente certainement une image différente de l’humanité dans le Jugement Dernier qu’il ne l’a fait au plafond. Au plafond, Michel-Ange nous a présenté le plan de Dieu pour racheter une humanité déchue. Comme nous l’avons vu, les figures au plafond sont idéalement belles et héroïques. Les personnages du Jugement dernier en revanche, sont mal proportionnés (leurs têtes sont trop petites pour leurs corps), et ils prennent des poses laides et maladroites. Christ apparaît ici non pas comme un Rédempteur, mais comme un juge en colère. Et Michel-Ange semble explorer le pouvoir de la laideur pour dépeindre la terreur du Jugement Dernier.